Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
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Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Les armes de chasse de la préhistoire sont souvent découvertes de façon fortuite lors de fouilles archéologiques. Les premiers propulseurs sont découverts en Europe à la fin du 19e siècle et attestés comme tels par les ethnologues de l’époque comme De Mortillet en 1897 qui met en évidence des similitudes avec les propulseurs Australiens (Lansac 2004).
Les pointes en silex où ce qui semble être des armatures de projectiles, dont la fonction semble flagrante n’est pourtant pas suffisant pour déterminé la manière dont elles sont propulsées.
Le plus vieux propulseur retrouvé date du Solutréen, il y a vingt mille ans environ (voir tableau). Son utilisation perdurera jusqu’au Magdalénien, il y a 12500 ans. Il est à noter que très peu de matière végétale de ces époques glaciaires a été retrouvée mais un doute subsiste sur l’utilisation éventuelle de l’arc parallèlement à celle du propulseur.
Au regard des armatures comme les pointes à cran du solutréen, les pointes de la Gravette ou Solutréennes , contemporaines du Paléolithique supérieur, pourraient très bien être des pointes de flèches (Cattelain 2004). Il est donc possible que l’arc soit beaucoup plus ancien qu’il n’y parait.

- dessins: pointes Gravettiennes (en haut) et Solutréenne (en bas) :
1 : pointe de Streletzkaja, Sungir. 2 : pointe de la Gravette, Spy. 3 : pointe à cran de Kostenki, Kostenki I,1. 4 : fléchettes, La Gravette. 5 : microlithes gravettiens, Pavlov. 6 : pointes à cran Solutréennes, Fourneau du Diable et Badegoule.7 : pointes à cran solutréennes, El Parpallo. 8 : pointes à pédoncules et ailerons solutréennes, El Parpallo. 1,3,4 et 5, d’après Bosinski, 1990 : 44, 100, 117,147. 2, d’après Cattelain et Bellier, 2002, fig 9. 6,d’après Piel-Desruisseaux, 2004, fig. 120. 7 et 8, d’après Müller-Karpe, 1966, pl. 158.
Cette problématique gravite autour de la chasse, du gibier convoité et, surtout, des essences végétales disponibles pendant les périodes de réchauffement et les récurrences froides du paléolithique supérieur. On serait à même d’imaginer que selon les conditions climatiques et la disponibilité du bois, ces deux paramètres seraient déterminants sur le choix de l’arme à fabriquer, un arc et des flèches ou un propulseur et une sagaie, ces deux armes tuant aussi bien un bison d’une tonne qu’un faisan d’un kilo, mais cette utilisation alternative n’est qu’une hypothèse...
Les premiers arcs et les premières flèches attestés proviennent des tourbières de Stellmoor en Allemagne. Une centaine de flèches et deux fragments d’arcs furent découverts par l’archéologue Allemand Alfred Rust dans les années 1930 et daté du 9ième millénaire av. JC. Malheureusement, ce trésor à disparu lors du bombardement de Berlin à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le contexte culturel Ahrensbourgien dans lequel a été retrouvé ce matériel, date du 12ième millénaire av. J.-C. et perdure jusqu’au 9ième millénaire av. J.-C.
Les chasseurs à l’arc du tardiglaciaire évoluant sous ces latitudes du nord de l’Allemagne subissaient la rigueur climatique du Dryas récent, dernière phase glaciaire, et survivaient grâce aux nombreux rennes qu’ils abattaient en masse comme le suggère les ossements retrouvés (Thévenin 2008).
Leurs arcs et leurs flèches sont en pin sylvestre (Pinus sylvestris) qui semble le bois le plus employé. Cette essence est caractéristique de l’ère glaciaire et supporte les froids extrêmes. Elle est sans doute très recherchée à cette époque, autant pour les propulseurs et les sagaies que pour les arcs et les flèches. Il est possible que la qualité de ce bois ne soit plus la même aujourd’hui. En effet, le bois tendre et de faible densité de cet arbre ne suggère guère son emploi en archerie (Cattelain 2004). Les variétés de pin sylvestre sont nombreuses et diversifiées au regard des essences actuelles réparties du sud de l’Europe jusqu’au cercle polaire. C’est sans doute en Sibérie et dans le nord de la Scandinavie que les meilleurs pins aptes à la fabrication d’armes de chasse et donc, de facs similés, dans un cadre expérimental, peuvent permettre peut être se rapprocher de la réalité.

Arc en pin sylvestre. Dimensions 190 cm de long, 7 cm de large.
La puissance est de 36 livres à 29 pouces d’allonge.
La reconstitution d’un arc de Stellmoor ne peut être que très subjective au regard de l’artefact de 18cm. Les cernes de croissance ne sont pas disposés à l’horizontal comme l’impose la manière conventionnelle mais disposés dans l’axe radial . La partie plate semble la mieux adaptée au dos de l’arc et la partie arrondie le serait pour le ventre.

Une seule flèche complète a été découverte à Stellmoor : « Une flèche complète de 73 cm de long avec sa pré-hampe amovible » (Rust 1943).
En effet, Il semblerait que toutes les flèches soit composites, la grande quantité de ces pré-hampes le démontrerait.

Pré hampe de Stellmoor (n°12 à 17) avec armatures typiques de l’Ahrensbourgien (n°1 à 11) (Rust 1943).
Après expérimentation, ces pré-hampes doivent être collées et ligaturées sur la hampe principale pour contenir le choc de l’impact dans la cible.

Collage et ligature de la pré hampe sur la hampe principale.
La colle de tendon ainsi qu’une longue fibre de tendon de dos de cerf, ont été utilisées pour cette réalisation.
La reconstitution d’une flèche de Stellmoor démontre un savoir- faire assez exceptionnel pour cette époque. Les flèches
composites sont sans doute les plus complexe à élaborer, surtout avec du pin sylvestre. Il y a peut être différentes raisons sur le choix de cette technique :
_Gain de poids sur l’armature, les flèches composites sont généralement mieux équilibrées et plus efficace au tir et à la chasse.
_Possibilité d’augmenter la longueur de la flèche pour arriver à l’allonge. Du fait de la mauvaise qualité de cette essence noueuse, qui plus est pour les projectiles, les quelques flèches que j’ai fabriquées ont dû être rallongées avec une pré-hampe pour atteindre des allonges de 28 à 29 pouces.
_Les cassures, lors d’un impact sur un rocher par exemple, se font sur la partie avant de la flèche, prés de l’armature. Une pré-hampe brisée sera facilement remplaçable par une autre tandis qu’une hampe principale demandera beaucoup plus de temps à sa confection.

Cette flèche a une allonge de 29 pouces (73.5 cm) et un diamètre de 1 cm. Sa rigidité est de 30 livres (13 kilo) et semble assez adaptée à la puissance de l’arc.
Les pointes en silex où ce qui semble être des armatures de projectiles, dont la fonction semble flagrante n’est pourtant pas suffisant pour déterminé la manière dont elles sont propulsées.
Le plus vieux propulseur retrouvé date du Solutréen, il y a vingt mille ans environ (voir tableau). Son utilisation perdurera jusqu’au Magdalénien, il y a 12500 ans. Il est à noter que très peu de matière végétale de ces époques glaciaires a été retrouvée mais un doute subsiste sur l’utilisation éventuelle de l’arc parallèlement à celle du propulseur.
Au regard des armatures comme les pointes à cran du solutréen, les pointes de la Gravette ou Solutréennes , contemporaines du Paléolithique supérieur, pourraient très bien être des pointes de flèches (Cattelain 2004). Il est donc possible que l’arc soit beaucoup plus ancien qu’il n’y parait.

- dessins: pointes Gravettiennes (en haut) et Solutréenne (en bas) :
1 : pointe de Streletzkaja, Sungir. 2 : pointe de la Gravette, Spy. 3 : pointe à cran de Kostenki, Kostenki I,1. 4 : fléchettes, La Gravette. 5 : microlithes gravettiens, Pavlov. 6 : pointes à cran Solutréennes, Fourneau du Diable et Badegoule.7 : pointes à cran solutréennes, El Parpallo. 8 : pointes à pédoncules et ailerons solutréennes, El Parpallo. 1,3,4 et 5, d’après Bosinski, 1990 : 44, 100, 117,147. 2, d’après Cattelain et Bellier, 2002, fig 9. 6,d’après Piel-Desruisseaux, 2004, fig. 120. 7 et 8, d’après Müller-Karpe, 1966, pl. 158.
Cette problématique gravite autour de la chasse, du gibier convoité et, surtout, des essences végétales disponibles pendant les périodes de réchauffement et les récurrences froides du paléolithique supérieur. On serait à même d’imaginer que selon les conditions climatiques et la disponibilité du bois, ces deux paramètres seraient déterminants sur le choix de l’arme à fabriquer, un arc et des flèches ou un propulseur et une sagaie, ces deux armes tuant aussi bien un bison d’une tonne qu’un faisan d’un kilo, mais cette utilisation alternative n’est qu’une hypothèse...
STELLMOOR
Les premiers arcs et les premières flèches attestés proviennent des tourbières de Stellmoor en Allemagne. Une centaine de flèches et deux fragments d’arcs furent découverts par l’archéologue Allemand Alfred Rust dans les années 1930 et daté du 9ième millénaire av. JC. Malheureusement, ce trésor à disparu lors du bombardement de Berlin à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Le contexte culturel Ahrensbourgien dans lequel a été retrouvé ce matériel, date du 12ième millénaire av. J.-C. et perdure jusqu’au 9ième millénaire av. J.-C.
Les chasseurs à l’arc du tardiglaciaire évoluant sous ces latitudes du nord de l’Allemagne subissaient la rigueur climatique du Dryas récent, dernière phase glaciaire, et survivaient grâce aux nombreux rennes qu’ils abattaient en masse comme le suggère les ossements retrouvés (Thévenin 2008).
Leurs arcs et leurs flèches sont en pin sylvestre (Pinus sylvestris) qui semble le bois le plus employé. Cette essence est caractéristique de l’ère glaciaire et supporte les froids extrêmes. Elle est sans doute très recherchée à cette époque, autant pour les propulseurs et les sagaies que pour les arcs et les flèches. Il est possible que la qualité de ce bois ne soit plus la même aujourd’hui. En effet, le bois tendre et de faible densité de cet arbre ne suggère guère son emploi en archerie (Cattelain 2004). Les variétés de pin sylvestre sont nombreuses et diversifiées au regard des essences actuelles réparties du sud de l’Europe jusqu’au cercle polaire. C’est sans doute en Sibérie et dans le nord de la Scandinavie que les meilleurs pins aptes à la fabrication d’armes de chasse et donc, de facs similés, dans un cadre expérimental, peuvent permettre peut être se rapprocher de la réalité.

Arc en pin sylvestre. Dimensions 190 cm de long, 7 cm de large.
La puissance est de 36 livres à 29 pouces d’allonge.
La reconstitution d’un arc de Stellmoor ne peut être que très subjective au regard de l’artefact de 18cm. Les cernes de croissance ne sont pas disposés à l’horizontal comme l’impose la manière conventionnelle mais disposés dans l’axe radial . La partie plate semble la mieux adaptée au dos de l’arc et la partie arrondie le serait pour le ventre.

Une seule flèche complète a été découverte à Stellmoor : « Une flèche complète de 73 cm de long avec sa pré-hampe amovible » (Rust 1943).
En effet, Il semblerait que toutes les flèches soit composites, la grande quantité de ces pré-hampes le démontrerait.

Pré hampe de Stellmoor (n°12 à 17) avec armatures typiques de l’Ahrensbourgien (n°1 à 11) (Rust 1943).
Après expérimentation, ces pré-hampes doivent être collées et ligaturées sur la hampe principale pour contenir le choc de l’impact dans la cible.

Collage et ligature de la pré hampe sur la hampe principale.
La colle de tendon ainsi qu’une longue fibre de tendon de dos de cerf, ont été utilisées pour cette réalisation.
La reconstitution d’une flèche de Stellmoor démontre un savoir- faire assez exceptionnel pour cette époque. Les flèches
composites sont sans doute les plus complexe à élaborer, surtout avec du pin sylvestre. Il y a peut être différentes raisons sur le choix de cette technique :
_Gain de poids sur l’armature, les flèches composites sont généralement mieux équilibrées et plus efficace au tir et à la chasse.
_Possibilité d’augmenter la longueur de la flèche pour arriver à l’allonge. Du fait de la mauvaise qualité de cette essence noueuse, qui plus est pour les projectiles, les quelques flèches que j’ai fabriquées ont dû être rallongées avec une pré-hampe pour atteindre des allonges de 28 à 29 pouces.
_Les cassures, lors d’un impact sur un rocher par exemple, se font sur la partie avant de la flèche, prés de l’armature. Une pré-hampe brisée sera facilement remplaçable par une autre tandis qu’une hampe principale demandera beaucoup plus de temps à sa confection.

Cette flèche a une allonge de 29 pouces (73.5 cm) et un diamètre de 1 cm. Sa rigidité est de 30 livres (13 kilo) et semble assez adaptée à la puissance de l’arc.

Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Encore, encore !!!!!
hector '- Messages : 323
Date d'inscription : 08/06/2011
Age : 58
Localisation : Le sud (VAR)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
J'adore !!!! 

chdru- Membre Bienfaiteur
- Messages : 1605
Date d'inscription : 13/12/2010
Age : 52
Localisation : Saint Paul les fonts / Gard 30
vincent7614- Messages : 61
Date d'inscription : 12/10/2011
Age : 49
Desman65- Messages : 93
Date d'inscription : 01/11/2011
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
fort intéressant.... je vais suivre cette rubrique avec attention.. 

sauromates- Messages : 514
Date d'inscription : 19/12/2010
Age : 43
Localisation : Natoye (petit village Belge)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Très intéressant,
……….. Et les cordes? Dacron ou fast?
……….. Et les cordes? Dacron ou fast?

haiko- Messages : 1426
Date d'inscription : 20/10/2011
Age : 68
Localisation : sans domiciles fixes (au pluriel)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Bonjour..haiko a écrit:Très intéressant,
……….. Et les cordes? Dacron ou fast?


sauromates- Messages : 514
Date d'inscription : 19/12/2010
Age : 43
Localisation : Natoye (petit village Belge)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Fibres d'orties?
haiko- Messages : 1426
Date d'inscription : 20/10/2011
Age : 68
Localisation : sans domiciles fixes (au pluriel)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Suivant l'endroit , les types de fibres sont différentes.. L'ortie , peut etre.. je sais pas.. J'ai vu une corde faite en tendon et en fibre de lin (si je me souviens bien ) et le la personne n'avait expliqué que c'est du boulot , plusieurs heures pour le tendon.. En tout cas , quand t'as fini ton arc primitif , des flèches , pointes et .. la corde..... et que tout pète après quelque tir..haiko a écrit:Fibres d'orties?




sauromates- Messages : 514
Date d'inscription : 19/12/2010
Age : 43
Localisation : Natoye (petit village Belge)
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
oui, ou du liber de tilleul ou autre....genre libre d'orme.haiko a écrit:Fibres d'orties?
l'ortie se travaille comme le lin, rouissage, défibrage, séchage.
boyau, cuir cru aussi.
pat21- Messages : 3634
Date d'inscription : 18/12/2010
Age : 60
Localisation : buzy 64
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Superbe sujet !!!
On en redemande
On en redemande

Chris04- Messages : 743
Date d'inscription : 31/01/2012
Age : 53
Localisation : Basses Alpes
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Très bon article.....
yana2006- Messages : 6
Date d'inscription : 24/01/2022
Age : 61
Localisation : LORRAINE
Re: Arcs et flèches de la préhistoire en Europe.
Très bon sujet très intéressant merci



HL- Messages : 257
Date d'inscription : 07/05/2011
Age : 54
Localisation : bouches du rhone

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